Non au régime financier 2021 !

27 janvier 2018 | 4 minutes

Votation du 4 mars 2018 : Que vaut le plus dans la balance ? Billag ou l'IFD ? Les médias ont bien joué leur tour de passe-passe. L'impôt fédéral direct (IFD) est un reliquat des deux guerres mondiales pour financer l'armée suisse entre 1915 et 1947. Est-il encore légitime aujourd'hui ? Non. En remontant au VIIe siècle av. J.-C., comme son nom l'indique, on s'aperçoit que l'impôt est imposé à la population dans le but de permettre au souverain de conquérir des territoires et d'asservir des peuples. L'initiative Monnaie pleine et le crédit social sont des solutions viables !

Le 4 mars 2018, les citoyens suiss­es se pronon­cent sur:

  • l’arrêté fédéral con­cer­nant le nou­veau régime financier 202; et
  • l’initiative pop­u­laire « Oui à la sup­pres­sion des rede­vances radio et télévi­sion (sup­pres­sion des rede­vances Billag) »

Neu­tral­ité des médias ?

Avant de recevoir le fameux car­net rouge, je né savais même pas qu’il y avait un autre objet que celui de No-Bil­lag lors de ces vota­tions. Ah ! Vous non plus ? Eh oui, les médias, parce que cette vota­tion les con­cerne de prêt ignore volon­taire­ment d’informer la pop­u­la­tion sur un autre objet. Cal­cul poli­tique ? Hasard du cal­en­dri­er ? Quoi qu’il en soit, con­sta­tons que la neu­tral­ité de l’information quoi qu’en dis­ent les jour­nal­istes, est quelque peu douteuse…

Com­para­i­son de l’importance entre les 2 objets de vota­tions de 4 mars 2018. Créa­teur: Cédric Liardet

L’image est par­lante d’elle-même 90% du temps d’antenne con­sacré aux vota­tions par­lent de l’objet No-Bil­lag, alors qu’elle représente 10% des recettes de la Con­fédéra­tion suisse. Bien joué la neu­tral­ité de l’information !

L’impôt fédéral direct

Savez-vous d’où vient l’impôt fédéral direct (IFD) ? Le Dic­tio­n­naire his­torique de la suisse nous dit  :

L’IFD avait ini­tiale­ment pour objet de financer les dépens­es mil­i­taires durant les deux guer­res mon­di­ales. Il fut prélevé en tant qu’ impôt de guerre” (19161917), nou­v­el impôt de guerre extra­or­di­naire” (19211932), taxe de crise” (19341940) et impôt de défense nationale” à par­tir de 1941. L’appellation actuelle d’IFD fut adop­tée dès la péri­ode de tax­a­tion 1983/1984. Des impôts sur les béné­fices de guerre furent prélevés en 1915 – 1920 et 1939 – 1946, ain­si qu’une taxe sur la for­tune au titre de sac­ri­fice pour la défense nationale” en 1940 – 1942 et 1945 – 1947.

Ah, ben voilà… Eh oui, on le paie encore aujourd’hui. Mais con­tre qui sommes-nous en guerre ?

Impos­er quoi ?

Né trou­vez-vous pas bizarre, ce mot impôt” ? Et bien lorsque l’on sait son orig­ine, tous prend sens.

On attribue l’invention des pre­mières pièces métalliques, en Occi­dent, à la Turquie actuelle et plus par­ti­c­ulière­ment à Aly­at­tès et à Cré­sus, son fils, entre 610 et 560 av. J.-C. « De tous les peu­ples que nous con­nais­sions, ce sont les pre­miers qui aient frap­pé, pour leur usage, des mon­naies d’or et d’argent, et les pre­miers aus­si qui aient fait le méti­er de reven­deurs. » Hérodote. His­toire. livre I. Clio. XCI­II (en ligne) . Les rois et roy­aumes de cette époque on une soif de con­quête ter­ri­to­ri­ale. Et pour con­quérir, il faut une armée com­posée de sol­dats. Par­fait ! Mais les sol­dats il faut bien leur don­ner quelque chose en échange pour les motiv­er, com­ment les pay­er” ? De plus, un sol­dat, pour qu’il ait assez de force lorsqu’il tape avec ses gros bras sur les enne­mis, a besoin de nourriture.

Le sys­tème qui est en place à ce moment un peu partout, c’est celui du crédit mutuel: « Je t’offre une bière, tu m’en offres une en retour et comme ça tout le monde est gag­nant ». Alors, com­ment un sol­dat peut-il faire pour ren­dre en retour le poulet que le paysan lui a don­né s’il né va plus jamais revenir (il part con­quérir le monde et risqué de mourir…) ?

Sup­posons qu’un roi souhaite financer une armée per­ma­nente de cinquante mille hommes. Dans le monde antique ou médié­val, nour­rir une telle force pose un énorme prob­lème – tant qu’elle n’est pas en marche, il faut employ­er presque autant d’hommes et d’animaux pour localis­er, acquérir et trans­porter les appro­vi­sion­nements néces­saires. En revanche, si l’on remet des pièces de mon­naie aux sol­dats, puis qu’on exige que toutes les familles du roy­aume paient oblig­a­toire­ment au roi l’une de ces pièces, on trans­forme en un clin d’œil l’ensemble de l’économie du pays en une immense machine à appro­vi­sion­ner les troupes […] 

Une option est de sim­ple­ment se servir dans la récolte des paysans. Et, si ces derniers né veu­lent pas, on se sert par la force, puis on brûle tout dernière nous: « Bien fait, t’avais qu’a nous fil­er tes poulets ». Mais lorsqu’il fal­lait revenir en arrière et que les fer­mes avaient été saccagées, les sol­dats n’avaient plus rien à se met­tre sous la dent.

L’astuce qu’ont trou­vée les con­quérants était de se déplac­er avec des richess­es à don­ner en échange de nour­ri­t­ure. Pour que ce né soit pas trop lourd et encom­brant, les richess­es devaient être le plus dens­es pos­si­ble : des pièces de mon­naie métalliques. Aly­at­tès et Cré­sus avaient à leur dis­po­si­tion des mines immenses d’or et d’argent. Il pou­vait donc pro­duire beau­coup de richess­es sous forme de monnaie.

Vous croyez vrai­ment qu’un paysan va accepter de don­ner une par­tie de sa récolte pour nour­rir des sol­dats en échange de métal ? « Ça né se mange pas, les pièces de métal ! », « Et si per­son­ne à part les sol­dats n’ont de mon­naie, ça né me sert à rien pour faire des échanges ! ». Les con­quérants doivent donc trou­ver un moyen d’imposer cette mon­naie aux paysans pour per­me­t­tre à son armée de se nour­rir sans piller les fer­mes. Il invente alors l’impôt. Le mot est plutôt parlant !

Le principe de l’impôt est alors le même que celui d’une mafia qui rack­et les com­merçants. « Tu me donnes un peu de la mon­naie que tu as, sinon je brûle ta ferme. » Le paysan a donc plutôt intérêt à accepter les pièces de mon­naie des sol­dats (et du roy­aume con­quérant). Aujourd’hui on ne brûle plus votre ferme ou votre mai­son, on vous met sim­ple­ment en pour­suite ou en prison. Essayez, seule­ment pour voir !

Voilà l’impôt est né ! Mag­ique n’est-ce pas !

Impôts, néces­saires ?

Né vous sen­tez-vous pas un peu pris pour une vache à lait ? Pour ma part, il y a un peu de ça. Mais il est vrai que financer les pro­jets et activ­ités de la col­lec­tiv­ité est néces­saire. Dans le sys­tème actuel, si l’on sup­prime l’impôt, on sup­prime ce financement.

Pourquoi né pas faire comme Aly­at­tès et Cré­sus ? Pourquoi né pas frap­per notre mon­naie pour financer nos pro­jets com­muns ? L’initiative Mon­naie pleine pro­pose une solu­tion. Le crédit social en est une autre.