LRens - que fait-elle ?
26 septembre 2016 | 5 minutesJ’ai écrit un petit résumé des articles présents dans la Loi sur le renseignement soumis à la votation populaire qui, selon moi, vont permettre à l’État d’intervenir de plus en plus dans nos vies. Ou en tous cas de savoir ce que sont nos vies…
En plus d’intervenir contre le terrorisme et l’espionnage, l’extrémisme violent, etc… [Art. 6], le Service de renseignement de la Confédération (SRC) doit contribuer à préserver les fondements de la démocratie et de l’état de droit en Suisse [Art. 2] et, au bon vouloir du Conseil fédéral, garantir
Bön ben voilà tout est dit… En gros si vous vous faites des déclarations nuisant à une banque, une assurance ou une multinationale, le SRC vous tombera dessus.
Pour garantir cela, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) :
Sans autorisation
Sans autorisation, le SRC peut :
Avec autorisation
Le SRC doit obtenir l’autorisation du Tribunal administratif fédéral et l’aval du chef du DDPS. [art. 27, 29 et 40]. Selon l’article 31, en cas d’urgence, le directeur du SRC peut ordonner la mise en œuvre immédiate de mesures de recherché […]
Selon l’article 26, le SRC pourra :
b. […] déterminer la position et les déplacements de personnes ou d’objets;
c. […] écouter ou enregistrer des propos non publics […];
d. s’introduire dans des systèmes et des réseaux informatiques […];
e. procéder à des fouilles de locaux, de véhicules ou de conteneurs […].
Exploration du réseau câblé (internet)
Comme l’on sait que Google, Dropbox, Facebook, Skype, WhatsApp, etc… ont leurs serveurs tout sauf qu’en Suisse, et bien les flux d’informations seront automatiquement enregistrés si leur contenu correspond aux mots-clés du mandat de recherché (art. 39, al. 3).
Vers les USA
Art. 12.1 (avec Art. 69, al. 1, let. f) Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a le droit de transmettre des informations à des états étrangers. Il a notamment le droit de le faire automatiquement (échange automatique d’informations), donc plus uniquement dans des cas isolés ou sur demande. En contrepartie le SRC a accès à des données que certains services secrets étrangers, comme la NSA.
réception et transmission d’informations pertinentes;
recherché et transmission d’informations à l’État qui en fait la demande en vue d’apprécier si une personne peut participer à des projets classifiés étrangers dans le domaine de la sûreté intérieure ou extérieure ou avoir accès à des informations, à du matériel ou à des installations classifiés étrangers;
participation, dans les limites de l’art. 69, al. 3 [le Conseil fédéral n’a aucune contrainte], à des systèmes internationaux d’informations automatisés.
En gros, si ça arrange le Conseil fédéral de vendre ou de transmettre les informations récoltées pour négocier un accord économique avec un autre État étranger, de 1. personne n’en saura rien et de 2. elle peut le faire librement puisque c’est écrit noir sur blanc ici même. L’affaire des transmissions des données bancaires de 2009 autorisée par la FINMA vers les USA né vous appelle-t-elle rien ? R1 L’accord FATCA (conclu en 2013) R2 officialise la transmission des informations relatives aux comptent bancaires.
Plus récemment, la Suisse a signé un accord d’Échange automatique de renseignements (EAR) en matière fiscale R3. Selon le Conseil fédéral, cet accord (en vigueur dès le 1er janvier 2017) est l’une des bases nécessaires à l’échange automatique des renseignements avec l’étranger R4.
Obligation de fournir et de communiquer des renseignements
Le SRC peut obliger l’administration et les organisations de service public de lui fournir des renseignements. Ceci concerne : hôpitaux, écoles, La Poste, CFF, Swisscom, FINMA, entreprises de transport privées, les entreprises de location de voitures, les services de sécurité privés… [Art. 19, 20 et 25]
De plus, ces institutions doivent communiquer spontanément des renseignements au SRC lorsqu’elles constatent une grave menace concrète pour la sûreté intérieure ou extérieure. [Art. 20, al. 3]
Interdiction d’exercer
Pour finir en beauté :
Donc, pour faire court, si vous menacez la place industrielle, économique et financière. [Art. 3], vous risquez simplement de vous faire interdire d’exercice.
Je pense par exemple là à Lukas Hässig qui dénonce régulièrement les dérives de la place financière suisse et contre qui le Crédit Suisse a déjà porté plainte pour concurrence déloyale (!?) et atteinte à la personnalité. N’ayez crainte, la liberté de la presse et la liberté d’expression a encore de beaux jours devant lui !
Le monde politique est hypocrite !
Après s’être indigné devant la collecte de données de la NSA, le monde politique suisse crée de son propre chef un système de collecte similaire Home-made. Eh ben… Continuons de voter pour des gens comme ça, ça vaut la peine…
Ah et au juste, en France une loi similaire existe déjà : la Loi relative au renseignement R5. Cela a-t-il empêché les récents attentats de l’année dernière ? Ah et encore, précisons juste que le projet de loi de la LRens a débuté en 2009 R6, bien avant toute cette émulation pour le terrorisme présent maintenant en Europe… et en Suisse.
Références
- Accord du 19 août 2009 entre la Confédération suisse et les États-Unis d’Amérique concernant la demande de renseignements de l’Internal Revenue Service des États-Unis d’Amérique relative à la société de droit suisse UBS SA (0.672.933.612)
- DFF. 2014. La Suisse franchit une nouvelle étape vers l’introduction de l’échange automatique de renseignements
- Humanrights.ch. 2016. Non à la nouvelle loi sur le renseignement!
- Liliane Held-Khawam. 2016. Le journalisme suisse en danger
- Loi fédérale du 25 septembre 2015 sur le renseignement (LRens)
- SFI. 2016. L’accord FATCA